June 20, 2009

Réflexion sur l'impact de la construction de route en ciment sur les communautés locales éloignées

Hier, j'ai fait un trajet de 7 heures sur une route en semi-construction avant de prendre l'avion pour Cebu. La route est déjà en partie en ciment (environ 25 à 30 %), d'autres sections sont en chantier (environ 20%) et le reste en gravier (40%).

J'ai vu de pareils chantiers dans plusieurs provinces et îles du pays.
Dans d'autres régions, toutes les routes, même les petites routes secondaires, sont déjà en ciment. Ces routes sont souvent bien plus belles que celles que nous avons chez nous!

Nous sommes en pleine saison des pluies.... donc par moments, les routes sont détrempées, quelques fois à la limite d'être praticables (plusieurs sections seraient tout simplement fermées selon nos standards). Ça me rappelle nos "nids de poules" après notre hiver... en plus intense.

Toutefois, les sections où les routes sont en ciment font exception !!!
Elles restent praticables, immuables aux effets des pluies torrentielles !

En me promenant un peu partout au pays, j'ai remarqué une différence notable entre les zones où la route est en ciment et les endroits où les routes sont toujours en gravier...

Le temps semble avoir pris une différente tournure dépendamment si on se trouve dans une zone ou une autre. Je me souviens qu'en 1981, le temps constituait une variable bien relative. Le terme "bientôt" pouvait très bien vouloir dire "demain", "lors de la prochaine marée haute" (ce qui facilite les voyages en banka), ou tout simplement "un jour ou l'autre". Cette fois-ci, on me disait souvent: "Ce sera bientôt ... si la route est praticable". Toutefois, dans les endroits où les routes sont en ciment, on ne mentionne plus les aléas des effets des pluies sur le temps.Tout devient plus précis, et un rendez-vous à 8 heures, est vraiment à 8 heures!!

Je remarque que les habitations sont en pleines mutations. Dans ces zones, en cours de transformation, on voit apparaître sur les routes, par-ci par-là, des maisons en ciment (pour lesquelles il est probablement plus facile de se procurer des matériaux de construction de la ville). Le paysage change, les villages de maisons de matériaux locaux (toit de chaume, structure en bambou, murs de feuilles tressées, maison sur pilotis où l'on y monte par un petit escabeau-escalier de 3 marches) commencent à changer. On voit beaucoup de maisons hybrides, mélangeant maison de type plus moderne et maisons traditionnelles.

À Palawan, à l'intérieur des terres, on revient au royaume du carabao comme force de travail première dans les champs. Dans d'autres régions, j'ai rarement vu un carabao. À l'oeuvre dans les rizières une machine fonctionnant à l'essence prépare la rizière, toujours guidée par l'agriculteur de la même façon.

Je ne peux qu'imaginer l'impact d'une nouvelle route sur la vie d'une communauté. La ville la plus proche devient soudainement plus accessible et son influence plus grande. Les structures de pouvoir locaux et d'autorité doivent en prendre pour leur rhume. Les petites boutiques doivent fermer, l'attrait de la ville devenant plus vif. C'est une forme de changement radical vécu à l'échelle humaine... avec les beaux côtés d'une modernité finalement acquise, et ses effets dévastateurs...

Pendant la construction, c'est le chaos total avec l'apparition soudaine d'équipements lourds et d'une multitude de travailleurs qui nivellent le terrain souvent à la pelle et la pioche. Ils changent le paysage en découpant des portions de montagnes, construisant des ponts là où, auparavant, il y avait quelques planches en bois pour traverser une petite rivière. Un travail colossal qui doit perturber le quotidien de petits bleds bien tranquilles...

La vie change aux Philippines jusque dans les campagnes.



Reflection on the impact of cement road construction on remote communities
Yesterday, I traveled 7 hours on a half constructed road, before taking the plane for Cebu. The road is partly made of cement (25 to 30%), other sections are under construction (about 20%) and the rest is gravel (40%).

I have seen similar projects in several provinces and islands of the country. In other areas, all roads, even small secondary roads, are already in cement. These roads are often in better shape than ours, in Quebec!

We are in the rain season, so at times, the roads are wet, and sometimes they are barely drivable: several sections would be closed by our North-American standards. It reminds me of our "potholes" after winter, but a little more intense.

However, sections where roads are made of cement are an exception!
They remain drivable, enduring the effects of torrential rain!

As I walked across the country, I noticed a significant difference between areas where the road is made of cement and places where roads are still made of gravel.

Time seems to have taken a different meaning, depending on which type of road is in your area. In 1981, I remember that time was a flexible notion. The word "soon" could very well mean "tomorrow", "at the next high tide" (which facilitates travel with a banka), or simply "one of these days." During this trip, I was often told: "It will be soon ... if the road is drivable." However, in places where roads are made of cement, there is no mention of the effects of rain on time. Everything becomes more precise, and an appointment for 8 o'clock, is really for 8 o'clock!

I noticed that homes are changing. In these constructed areas, we see close to the roads, houses made of cement, since it is probably easier to get building materials from the city. The landscape also changes: village houses made of local materials are starting to change too. While they were usually built with a thatched roof, a bamboo structure, walls of woven leaves, resting on stilts, with a small 3 steps ladder-staircase at the entrance, we can see now many hybrid houses, mixing a more modern style with those traditional house features.

In Palawan, in the hinterlands, we return to the kingdom of the carabao as a work force in the first fields. In other areas, I have rarely seen a carabao. At work in the rice fields, a machine running on gasoline is at work in the rice fields, guided by the farmer in the same manner.

I can only imagine the impact of a new road over the life of a community. The nearest town suddenly becomes more accessible and therefore gains in influence. The local structures of power and authority are most likely challenged. Small shops might close, the attractiveness of the city becoming more intense. It is a form of radical change experienced on a human scale… with the good sides of modernity finally reaching them, along with its devastating effects…

During road construction, total chaos sets in, with the sudden onset of heavy equipment and a multitude of workers that level the ground in preparation for the road, with their bare hands, using shovels and pickaxes. They change the landscape by cutting portions of mountains, building bridges where previously there were a few wooden planks to cross a small river. This colossal task is disrupting the lives of many small and quiet communities.

Life changes in the Philippines, and it is now reaching the countryside.

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